Les faux

Le spécialiste incontesté du sujet est le docteur J. Grasset ; un autre philatéliste très savant sur la question est un britannique, M. D.J. Bramly.
Ils sont à l'origone de cette étude qui date de 1986.

le faux de turin

En 1909, la vente des timbres à 10c fléchit à Paris. L'administration découvrit que certains débits de tabac du douzième arrondissement vendaient des timbres faux. Un Italien, possesseur de plusieurs dizaines de milliers de faux timbres, fut arrêté avec ses complices. Ils furent condamnés à deux et trois ans de prison. Les timbres fabriqués à Turin avaient été vendus pendant plusieurs mois, à Paris et sur la Côte d'Azur. Par la suite, à plusieurs reprises, jusque pendant la guerre, des stocks de ce faux apparurent sur le marché. Ils furent signalés, en particulier dans le Collectionneur de timbres-poste de Maury. Plus de trois cent mille faux timbres auraient été saisis.
Ce timbre a été tiré en feuille de 150 timbres
Feuille de 100 timbres
Bas de feuille

Description

- la dentelure est linéaire
- le timbre plus grand d'un tiers de millimètre
- la lettre C de centimes est plus étroite et plus fermée que l'originale
- le visage de la Semeuse est moins ombré
- les lettres et les filets sont irréguliers
- les pieds ne sont pas à la même distance du cadre
- dans la signature Mouchon, les jambes du M sont verticales

Millésime

Millésime 8
millésime 8 renversé
Les 8

Variétés

Non dentelé
Variété de case ( case 20 : haut de la feuille )
Variété d'impression
On le connaît surtout des lettres oblitérées à Paris en 1909, à Marseille et sur la Côte d'Azur
en 1910, 1916 et 1917.
Lettre d'orléans d'août 1913 taxée à 20 centimes pour timbre faux
Lettre de Beaulieu ( date inconnue )

le faux dit « des russes »

Nous l'avions intitulé « faux de Paris 1911 » dans notre monographie. Or M. Bramly possède une lettre oblitérée du 15 octobre 1909 à Paris, rue de Vaugirard, avec une paire de ce faux. Cette oblitération semble, elle aussi, fausse. La date de 1909 est donc très improbable. Des Russes furent arrêtés en 1911 et condamnés à deux ans de prison pour avoir été les faussaires. L'enveloppe de M. Bramly est issue d'un stock de Forbin qui était connu à l'époque pour vendre des faux.
On connaît très peu d'exemplaires de ce faux dit « des Russes »

Description

- dentelure linéaire 13
- queue du chiffre 1 plus courte
- " C " plus petit et de forme ronde
- dans l'inscription du haut REPUBLIQUE FRANÇAISE, moins haute que celle de l'original
- le dernier " E " de REPUBLIQUE, présente une base inférieure nette, et la mèche de cheveux est presque inexistante
- dans le mot FRANÇAISE, le " F " présente une barre supérieure oblique en haut de gauche à droite
- le " Ç " est trop grand
- dans le mot POSTES, le " O " est parfaitement rond
- le premier " S " de POSTES est légèrement couché en arrière
Dans l’effigie : la corne du sac n’est pas ombrée et est de forme différente ; le poignet est beaucoup trop maigre ; les ombres du sac, très marquées, sont formées par des lignes ondulées, et non droites comme dans l'original et les autres faux ; la main droite ne représente pas un poing fermé, serré sur quelques graines, avec le pouce collé sur la main.
Elle est à demi-ouverte, comme une main tenant un objet plus gros (balle, par exemple).
Dans le dessin de la robe : la ligne blanche qui limite le bas de la robe en avant est continue et non inter rompue en face du " Ç "; les plis de la partie postérieure sont différents.
Il existe, en particulier, une ligne d'ombre concave en avant ; le dessin de la ceinture ne comporte pas de partie saillante en arrière comme dans l’authentique et les autres faux.
Le pied gauche descend plus bas que dans les autres faux, ce qui fait que la ligne prolongée de la semelle droite vient le couper au niveau de l'articulation des orteils.

 

 

le faux lorulot

Ce faux devenu légendaire a été confondu avec tous les autres. Dès que l'on parle de faux 10 c. semeuse camée rouge, on pense à Lorulot. Il ne peut se confondre avec aucun autre tant il est mal dessiné. Il n'est rare ni dentelé ni non dentelé. Sur lettres, on ne trouve pratiquement que des oblitérations de complaisance. Aucun postier n'aurait pu se laisser berner par une telle caricature. Lorulot était un anarchiste, un peu bohème. Quand il fut arrêté, on trouva trente mille timbres faux chez lui, et tout le matériel de fabrication. De nombreux exemplaires « s'échappèrent » des greffes du tribunal. Lorulot fut condamné en février 1914 à six mois de prison.
Dentelé
Non dentelé

Description

- dentelure linéaire 11 ou non dentelé
- très mauvais dessin
- dans l'inscription REPUBLIQUE FRANÇAISE le " Q " a la queue presque droite
- le " E " final de REPUBLIQUE est trop fort
- le Ç de FRANÇAISE a la tête plus large que la boucle inférieure
- dans le mot POSTES : lettres trop épaisses ; S mal dessiné et irrégulier ; la tête du E est trop courte
- chiffres de la valeur : base du 1 trop massive ; le " 0 " manque de symétrie ; le " C " est trop épais et n'a pas la forme   d'un croissant, étant doté d'une petite tête à crochet
- semeuse : figure sans nez, parsemée de taches (tête de mort) ; taches et non ombres sur le pied droit, le pied gauche   et le coude droit.
Lettre du 8 avril 1916 de Philippeville

 

 

le faux dit « de toulon »

On entre là dans un épais mystère. Jusqu'à ce jour, en dehors de quelques exemplaires neufs, on ne connaissait qu'une lettre ayant voyagé, affranchie avec ce faux et oblitérée de 1914. Il était sur une let­tre recommandée, adressée à un philatéliste roannais, M. Jean Faisant. Or M. Bramly a découvert un exemplaire sur lettre, oblitéré d'un ambulant :
« Boulogne à Paris C » du 24 août 1911. Nous sommes donc obligés de « débaptiser » ce faux que nous avions appelé
« quatrième faux de 1914 ».
Le docteur Grasset a découvert qu'à cette même époque des faussaires furent arrêtés et jugés à Toulon pour fabrication de faux timbres. Il s'agit, peut être, des auteurs de notre faux auquel nous ne trouvons pas d'autre paternité possible. En attendant de trouver mieux, nous appelons ce faux le 10c faux dit « de Toulon ».

Description

- rouge, dentelé 14 1/4.
- dimensions plus grandes (19 x 22 3/4)
- lignes de la face moins régulières
- ombres plus courtes à l'avant-bras droit (1/3 inf.)
- pouce plus épais et plus court que l'original, ombres des pieds plus épaisses
- 1 de 10 plus mince et plus court
- " C " de centimes a une courbe moins marquée et plus longue
- dans RÉPUBLIQUE, la queue du " Q " est oblique à gauche
- dans FRANÇAISE, le " C " est bossu : grande courbe sup., inf. presque inexistante, cédille à gauche
- dans POSTES, barre du T plus longue.
- signature de Roty : TY se touchent et la première partie de la barre du T est presque inexistante
- signature de Mouchon différente
Ce timbre rarissime sur documents n'est pas rare en neuf.
Lettre du 7 janvier 1916 oblitérée de Marseille, rue des trois mages

 

 

le faux dit « de saint Étienne »

Connu à trois exemplaires oblitérés à Saint Etienne, il est fait sur du papier authentique. Il a donc probablement été imprimé timbre par timbre par un «gagne-petit» sur les bords de feuilles de timbres authentiques. Utilisé à Saint Etienne en 1917. C'est un faux lithographique découvert par le docteur Grasset.

Description

- rouge, orange terne
- dimensions plus grandes (191/4x23)
- lignes de la face presque verticales
- l'oreille du bonnet phrygien est limitée par deux gros traits verticaux et touche le vêtement
- la chevelure est plus courte et s'arrête au début du C de FRANÇAISE
- main droite courte avec un pouce mince et très court
- dans 10 c., le " C " a une barre inférieure rectiligne et plus longue
- barre oblique du 1 très mince
- les deux ombres de la ceinture sont très espacées : la première est recourbée vers l'avant
- grand triangle noir au-dessous de la ceinture
- ombres du sac très différentes
- le O de Roty est plus petit que les autres lettres.

bibliographie

Jean Storch et Robert Françon ; Les timbres-poste au type semeuse camée de 1907
Louis Barrier ; Essai sur les semeuses
Merci à Yvon Schey et Jacques Gillibert pour leur aide